Week-End d’Ascension(s)

Pour le week-end de l’Ascension, récit d’un week-end d’ascensions             par Florent
les photos ici

Préambule

A la santé de Maurice, jeune cinquantenaire, sans qui ce week-end n’aurait peut-être pas vu le jour.
En effet, pour fêter son demi siècle, Maurice, le frère de Laurent a invité sa famille dans son hôtel, l’Auberge des glaciers à la Fouly, canton du Valais, Suisse. Pour rejoindre ce lieu, Laurent avait décidé de longue date de faire le GR5 de St Gingolph à Chamonix puis de rejoindre La Fouly afin d’être en appétit pour la fiesta du samedi soir.

Mis au courant de son projet, je lui avait signifié mon intérêt de l’accompagner dans son périple pédestre. Alain, Jean Luc et Serge, informés de ce projet le 1er mai et fort alléchés par le programme annoncé se sont libérés pour compléter le groupe.

Tout s’annonçait donc bien pour ce week end de rando course. La météo au beau depuis de trop longues semaines devait logiquement nous accompagner pour notre périple. Et puis patatras…. Les prévisions sont exécrables. La météo suisse nous annonce 4 jours de pluie forte, de la neige à 1500 mètres. MétéoFrance est un peu plus optimiste avec de la pluie et de la neige le premier jour et des orages pour le 3° et le 4°. Si bien qu’encore à 21 heures, la veille de notre départ programmé à 6 heures de Besançon, Laurent, Jean Luc et Serge m’appellent à tour de rôle pour me faire part de leurs inquiétudes. Laurent  me pose même la question de savoir si on y va ! Pour moi, hors de question d’annuler cette rando. Cela fait déjà quelques temps que je la prépare, nous nous sommes organisés pour les enfants. De plus, j’ai consulté le site météochamonix.org, site météo que je consulte régulièrement pour le ski de fond et qui est plus fiable pour la météo en montagne que les sites officiels trop généralistes et pas assez au courant des particularités de chaque massif. Pour ce site, l’anticyclone placé au nord de la France devrait chasser la perturbation vers le sud  et nous ménager une météo plus ou moins clémente ? C’est ce que j’annonce sans grande certitude à mes camarades pour les convaincre du bien fondé de notre projet. Le poncho est néanmoins rajouté à la liste du matériel indispensable pour ces 4 jours et advienne que pourra…

 Jour 1 : Mercredi 1er juin 2011 : St Gingolph – La ville du Nant, pour la Pomme

Nous partons de Besançon à 6h15 le mercredi 1er juin sous la grisaille et la pluie. Elle nous accompagnera jusqu’à Lausanne. A Vallorbe, le thermomètre annonce un fier 4 °C ce qui nous laisse présager la neige à 1500 mètres. A Lausanne, la pluie cesse et nous laisse entrevoir les cimes fraichement enneigées du massif du chablais, objet de notre première étape. Nous sommes perplexes. Cette éclaircie au dessus du Léman durera t’elle plus que le temps de contourner le bout du lac Léman ?

8h30, arrivée à Saint-Gingolph, l’éclaircie nous a suivi, un rayon de soleil nous accueille pour la traditionnelle photo du départ sur le parking. Nous abandonnons en ce lieu mon véhicule que Brigitte, Corinne et Hélène doivent récupérer le lendemain. Ce sera également le lieu de départ de leur week end en Ferret. Je leur laisse donc le soin de narrer leur aventure avant que nos chemins se croisent au bord d’un autre lac à Champex.

9 heures, Saint Gingolph, Km 0, altitude 400 mètres, les sacs sont bouclés, la photo est faite, enfin nous partons pour La Fouly. En 1 heure, nous rejoignons Novel, altitude 960 mètres par un chemin sinueux en sous bois qui longe la rive gauche de la Morge puis rapidement rejoignons les chalets du hameau de la Planche (alt 1116 m). Le ciel est bas et humide mais toujours pas la pluie annoncée.

Nous traversons ensuite un alpage ou paissent de paisibles bovins de la race d’Abondance en direction des chalets de Neuteu. Dés l’altitude 1200 mètres, nous ne tardons pas à trouver des taches de neige tombée la nuit même. A défaut de la pluie annoncée, c’est les arbres qui se chargent de nous mouiller en se déchargeant de la neige tombée la nuit.

Jean Luc, fait l’ouvreur et au détour d’un éperon rocheux devient même traceur à l’approche des chalets du Neuteu (Alt 1750 m) où la couche neigeuse devient conséquente. Nous nous dirigeons ensuite direction sud ouest puis sud en direction du col de Bise. Le blanc manteau s’épaissit et atteint parfois plus de 30 centimètres, là où le vent l’a accumulé, si bien que le GR est parfois difficile à suivre. Seules quelques peintures sur des blocs surélevés nous permettent de nous assurer que nous sommes sur la bonne piste. L’indien est rassuré !

A midi, nous atteignons le col de Bise, alt 1915 mètres. Nous ne nous attardons pas, la bise n’épargne pas ce col bien nommé. Elle a cependant un mérite, elle chasse vers le sud les nuages menaçants en nous préservant de toute précipitation et en nous ménageant même de belles trouées pour notre descente vers les chalets de Bise (Alt 1502 m) que nous atteignons rapidement. En descendant, nous devinons sur les crêtes, notre premier bouquetin.

La bise souffle toujours et la fraîcheur est bien présente. Par chance, le refuge de Bise est ouvert, les gardiens étant en train de faire quelques menus travaux  avant l’ouverture pour la saison (pour l’anecdote, le gardien n’aura pas réussi à changer une seule ampoule durant notre arrêt d’une ½ heure) ce qui nous permet de nous mettre à l’abri pour avaler notre en cas.

Il est environ 13 heures lorsque nous repartons plein Est en direction du pas de la Bosse. La présence inopportune et inhabituelle en cette saison de la neige nous a amené à modifier notre itinéraire. J’avais initialement prévu que l’on passe par les Cornettes de Bise, plus haut sommet du Chablais (alt 2434 m) et d’où l’on a une vue imprenable sur le lac Léman via le col d’Ugeon. L’itinéraire parfois engagée de ce sommet couplé à la présence de la neige nous en dissuade d’autant que Serge nous apprend qu’une franc-comtoise est décédée sur ce sommet pas plus tard que le week-end dernier.

Jean Luc et Laurent montent la Bosse (Alt 1816 m) au pas de charge. Alain préfère faire sa tête de chameau et se fait légèrement désiré au pas. D’ici, nous dominons la vallée d’Abondance et devinons le village de la Chapelle d’Abondance, lieu de notre première étape. Néanmoins, pour allonger cette étape de mise en bouche, j’incite mes camarades à rejoindre le col de Vernaz (prononcez verne) Alt 1815 m, après être redescendu aux chalets de la Bosse puis de la Cheneau (Alt 1500 m) De là, nous rejoignons rapidement le magnifique lac d’Arvoin via le col de Resse et les chalets d’Arvoin. En arrivant aux chalets d’Arvoin, un couple nous salue. En attendant Serge et Alain qui trainent la savate dans la descente boueuse et donc glissante du col de Resse, nous engageons la conversation avec ce vieux couple de savoyard qui s’étonnent de nous voir courdonner ou randorir (au choix) par ce temps peu clément. Ils s’enquièrent de notre périple, nous informent qu’ils sont là pour faire un peu de ménage dans ce vieux chalet qui s’avère être un gite. Nous nous esbaudissons (expression gillesque) devant la battisse et ils nous incitent alors à rentrer malgré nos pieds tout crottés afin de visiter. Théo, 82 ans et sa jeune épouse, 75 ans, nous proposent alors de boire une petite gnôle. Serge et Alain nous ont rejoints. Il est 16 heures ce mercredi 1er juin au gite d’Arvoin (tel 04 50 73 51 74) et nous nous délectons d’un excellent remontant à la pomme avec Théo Grillet et son épouse, tout heureux de la partager avec nous.

Après cette rencontre pleine d’authenticité, nous reprenons notre route pour rejoindre la ville du Nant après avoir longé le lac d’Arvoin puis traversé un alpage ou un troupeau de chèvres nous accompagne. En moins d’une heure, nous rejoignons la vallée à l’altitude de 1000 mètres. Il n’est pas encore 17 heures, nous décidons alors de nous rendre au centre du village de la Chapelle d’Abondance pour boire une petite mousse. A17 heures, nous sommes attablés à la terrasse du bar restaurant hôtel l’Ensoleillé. Laurent n’en revient pas de notre chance ! Nous devions prendre la pluie et la neige toute la journée et finalement, pas une goutte, des éclaircies et même du soleil qui nous accueille à la terrasse de l’Ensoleillé, la bien nommée! La journée n’est pas terminée, nous devons rejoindre notre gite, les Clématites, situé au hameau de la ville du Nant, 2 km en amont. Petite frayeur à notre arrivée, un voisin anglais nous annonce que le gîte est fermé mais sans perdre son flegme britannique nous propose de passer la nuit dans son B&B !! Bien joué Bob mais un coup de fil plus tard, le problème est résolu. Le propriétaire du gite qui nous avait cependant oublié m’indique où il cache le double des clefs et m’informe qu’il prévient son employée afin de nous préparer le diner. Nous passerons une nuit tranquille dans ce gite propre et confortable.

 Bilan journée : Dist : 28 km, D+ : 2300 m, D- : 1600 m, Durée : 8 heures tout compris

Mon avis : une belle étape de mise en jambe accessible à tous et de la chance avec la météo 

Jour 2 : Jeudi 2 juin 2011 : La ville du Nant – Refuge de la Vogealle, pour Serge

Selon mes estimations l’étape du jour devait faire environ 40 km avec 3000 m de D+ soit une dizaine d’heures. Le départ est donc programmé à 7 heures pour une arrivée au refuge pas trop tardive. Le temps de faire la photo devant le gite, il est 7h15 lorsque la maigre troupe se met en branle sous un ciel lumineux et des nuages accrochés sur les sommets avoisinants. L’essentiel de l’étape doit se faire sur le GR5 et commence par l’ascension au col des Mattes sous le Mont de Grange [autre magnifique sommet du chablais autour duquel la vallée d’Abondance forme un arc de cercle]. Après avoir franchi la Dranse, nous commençons notre ascension le long du ruisseau des Mattes et sa cascade. Après nous être légèrement fourvoyé et pris la direction de Trébentaz, où nous avions initialement prévu de passer la nuit [ce refuge conseillé chaudement par Laurent où l’on déguste soit disant d’excellente tarte aux myrtilles et où l’accueil est très chaleureux était malheureusement fermé ce qui explique notre étape en fond de vallée. Cette modification d’étape aura ainsi déséquilibré l’étape 1 et 2 et ne sera pas comme vous le verrez  sans conséquence sur le reste de la journée], nous atteignons en 1 heure environ le chalet des Crottes (Alt 1530 m). C’est à cette altitude que nous sortons des nuages. Les brumes vaporeuses sous la luminosité contrastée du matin nous offrent un tableau féérique. Nous poursuivons notre ascension en direction du col des Mattes et ne tardons pas à déboucher dans un large cirque situé sous la pointe des Mattes, passons à proximité des chalets de la Torrens avant de finir notre ascension dans une combe débouchant au col de Mattes (Alt : 1930 m) Il est environ 9 heures et nous marquons notre première pause pour profiter du magnifique panorama. Au nord, la vallée d’Abondance et les Cornettes de Bise qui nous font face. A l’ouest, le Mont de Grange nous domine, à l’est 2 chamois nous surveillent depuis la pointe de la Torrens. Coté sud, nous pouvons voir le col de Bassachaux, prochaine étape de notre journée. Et plus à gauche, la station du Linga avec derrière la Suisse et les Dents-du-Midi.

Laurent est inquiet, cette ascension a réveillé des douleurs dans son tendon d’Achille. Jean Luc le rassure et le persuade qu’il n’a pas mal….

Nous repartons donc en direction du col de Bassachaux en trottinant. Le terrain s’y prête, nous alternerons descente, courte montée et plat jusqu’au col de Bassachaux le plus souvent sur des chemins blancs. En descendant vers le chalet de la Pron, nous manquons de perdre Alain qui nez dans le gazon ne nous voit pas bifurquer à l’ouest en direction du chalet de L’Etrye. Alain n’a pas l’air dans son assiette ce matin ??? Après une courte montée, nous continuons notre footing matinal en direction des chalets de L’Enlevay ou nous marquons une seconde pause afin de nous ravitailler en eau. Nous poursuivons ensuite notre course en direction du col de Bassachaux (Alt 1778 m) que nous atteignons vers 10 heures 30. Laurent tente de se plaindre de nouveau de son tendon mais Jean Luc l’en dissuade Un Bar restaurant, accessible par une route goudronnée depuis Pré la Joux,  nous accueillerait volontiers mais Jean Luc décide qu’il ne faut pas faiblir et qu’immédiatement il faut repartir. Bien chef !

Nous alternerons ensuite marche et course sur un large chemin en balcon au dessus du hameau des Lindarets, en face de la station d’Avoriaz jusqu’au col de Chésery (Alt 1992 m) où nous franchissons la frontière franco-suisse. Serge en profite pour appeler son copain Olivier qui nous aurait, sans une déchirure, accompagné. Après avoir contourné le lac de Chésery ou lac Vert, nous nous élevons encore pour atteindre le col des Portes de l’hiver (alt 2099 m) D’ici, le paysage est magnifique avec en face de nous les Dents-du-Midi, le Mont-Ruan, les Dents-Blanches et déjà la tête de Bostan et sous nos pieds une mer de nuage sur le val d’Illiez.

Il est l’heure de casser la croute mais nous décidons de redescendre aux chalets de Chaux-Palin pour déguster notre excellent sandwich jambon-reblochon préparée par notre hôtesse. Il sera accompagné d’un peu de Coca que j’ai pris le temps d’acheter en passant au col de Bassachaux, malgré les ordres du chef.

Ce festin avalé, la reprise est tranquille, nous traversons des alpages au pied de la Chavanette par de larges chemins  sur un profil plutôt descendant. Nous trottinons de nouveau jusqu’aux chalets de la Poya au pied du col de Coux. De belles vaches suisses Milka agrémentent le paysage sur cette traversée. La montée au col de Coux est régulière et peu pentue (pour un col alpestre j’entends) et s’effectue à bon train malgré les 400 m de dénivelé. Serge manifeste cependant quelques signes de lassitude. Au col de Coux (Alt 1920 m), nous croisons une traileuse d’un âge certain qui va largement influer sur le reste de notre journée. Je m’explique. J’avais prévu pour la suite de l’étape de quitter le GR5 en bifurquant vers l’est pour emprunter le Pas de la Bide afin de rejoindre le col de Bostan puis le refuge de la Vogealle en passant le Pas du Taureau. Cependant, ce Pas de la Bide n’est pas bidon ! De visu, il s’agit d’escalader une falaise d’environ 500 mètres de haut par un passage que l’on n’arrive pas à deviner. On m’a expliqué que le passage était aérien mais équipé de câbles et d’échelles sur les parties les plus pentues. Je sens mes camarades pas très emballés par cette expérience alpine d’autant que nous devinons des restes de neige de la veille et que des nuages masquent par intermittence le sommet et la tête de Bostan. La traileuse finira de nous en dissuader en nous disant que l’itinéraire est dangereux. Je n’en suis pas persuadé mais me range du coté de la majorité.

Il est donc l’heure de sortir le plan B pour éviter le bide ! Pour l’instant, nous n’avons pas le choix, il nous faut poursuivre le GR5 jusqu’au col de la Golése et nous décidons que l’on décidera de la suite arrivé à ce point. Pour rejoindre ce col, il nous faut néanmoins redescendre d’abord un alpage puis un chemin zigzaguant dans une forêt d’épicéas où nous tentons une infructueuse coupe. Un quart d’heure de perdu mais qui comptera en fin de journée. Vers l’altitude 1400 m, nous bifurquons à gauche et attaquons l’ascension du col de la Golése. En moins d’une demi heure, nous atteignons ce col pointant à l’altitude de 1662 m. Il est 16 heures et il nous faut décider de la suite de notre journée ? L’option de poursuivre le GR5 et de plonger sur Samoëns, situé 1000 m en contrebas existe. Cette option ne m’emballe guère et j’invite mes camarades à poursuivre vers le refuge de Bostan où nous aurons encore le choix, soit d’y faire étape, soit de rejoindre Samoëns, soit de poursuivre vers le col de Bostan pour récupérer l’itinéraire initial.

Nous attaquons donc dans les nuages notre septième ascension de la journée. Chemin faisant, nous croisons un groupe de randonneurs qui nous annoncent qu’il ne faut pas compter sur l’option 1 car le refuge est fermé mais que l’option 3 de rejoindre le refuge de la Vogealle via le col de Bostan et le Pas du Taureau est jouable. Ma décision est prise, nous passerons et nous encourageons Serge qui ne me semble pas convaincu. Il a étudié la carte et sait bien ce qui l’attend. Une ascension de plus de 600 mètres de dénivelé jusqu’au col de Bostan que je n’arrête pas de qualifier de douce et tranquille mais qui ne laisse pas mes camarades dupes. Arrivé au col, nous devrons ensuite gravir 300 mètres de plus pour atteindre le Pas du Taureau avant de plonger sur Vogealle sur un pierrier pentu.  La montée au col de Bostan se fait au fond d’un magnifique vallon ou nous franchissons allégrement lapiaz, blocs de granit, névés mais aussi à mi pente un limpide petit lac coincé en fond de vallée. J’ai eu beau annoncé que cette montée était en pente douce, la distance et le dénivelé de la journée a fait son œuvre. Les corps sont fatigués et la montée s’avère pénible malgré la beauté du site sous un soleil retrouvé. Serge fatigue, à moins qu’il tire la patte, car il sait qu’il n’a pas encore mangé son pain noir. Le col de Bostan (Alt 2290 m) n’est en effet qu’une étape sur l’ascension qui doit nous mener au Pas du Taureau situé quelque 300 mètres plus haut. Au col de Bostan, nous rejoignons l’itinéraire venant du Pas de la Bide. Il est près de 18 heures et ce détour par le col de la Golése nous aura bien fait perdre une heure et demi. Là encore, le paysage est magnifique avec une vue imprenable sur le val d’Illiez et les Dents Blanches et juste au dessus la tête de Bostan que nous contemplions à midi depuis le col des Portes d’hiver. Désormais, il nous faut atteindre le Pas du Taureau que nous distinguons facilement. Il est là, à quelques centaines de mètres. Mais pour l’atteindre, il nous faudra encore grimper de 300 mètres sur un immense névé plus ou moins pentu. J’essaie de minimiser la chose mais je sens bien que ce final n’est pas du goût de tous. L’escalade des parties les plus pentues de ce névé confirmeront que ce terrain de jeu n’est pas le préféré d’Alain ou de Serge. Nous atteignons néanmoins le sommet de ce névé au lieu nommé la Goulette de l’Oulle car la configuration du névé nous y mène naturellement. Je sais, car le gardien du refuge me l’a expliqué, qu’il faut mieux passer par le Pas du Taureau situé quelques dizaines de mètres plus à droite mais la pente du névé qui nous en sépare nous en barre la route. Nous descendrons donc par la Goulette que je juge praticable. De quoi s’agit t’il ? D’une échancrure d’environ 3 mètres de large dans l’arête rocheuse qui se poursuit par un couloir pierreux de quelques centaines de mètres et d’une pente approchant les 45° ?

Ne connaissant pas le lieu, j’avoue avoir eu quelques appréhensions concernant ce passage mais en arrivant le premier sur le lieu, j’ai tout de suite jugé praticable cette goulette. Laurent et Jean Luc en arrivant peu après et au vue du site ne semblent pas inquiets pas plus qu’Alain. Ont ils cachés leur inquiétude ? Jean Luc nous fait cependant remarquer qu’il faudra être prudent à cause du risque de chutes de pierre. Par contre, Serge lui ne cache pas son appréhension, voir ses craintes de se lancer dans cette descente infernale. Serge, on a plus le choix, pour rejoindre le refuge situé quelques 800 mètres en contrebas, il nous faut descendre par là. C’est ce que nous ferons. Laurent dans un style peu orthodoxe et Alain prennent la tête. Jean Luc et moi restons avec Serge pour l’encourager dans sa descente. Après quelques dizaines de mètres, Serge fait partir un bloc. Jean Luc réagit promptement en criant ce qui permet à Laurent et Alain situés en contrebas de se mettre à l’abri. Ouf ! Quelques chutes plus tard, « la goulette de la mort » est franchie, nous débouchons en dessous du couloir sur un large pierrier parsemé de névés. De là, un magnifique panorama s’offre encore à nous avec en contrebas le lac de la Vogealle, et en face les Dents Blanches. Ce panorama couplé au stress provoqué par la descente de la goulette provoquera de fortes émotions à notre ami Serge….

Désormais, nous dévalons en direction du lac de la Vogealle, magnifique lac de montagne que nous contournons par la gauche. Une dernière photo et nous poursuivons vers le refuge de la Vogealle le long d’un magnifique torrent où des bouquetins prennent la pause. Tapi au fond d’un petit cirque traversé par le torrent que nous venons de longer, le refuge est construit là encore dans un cadre exceptionnel face aux Dents Blanches et au Mont Buet. La description peut paraître enjolivée mais non c’est la vérité, ce site est vraiment superbe et je le conseille à tous les amateurs de  montagne.

Il est 19 heures 15, nous sommes fourbus mais heureux d’être arrivé au refuge. Le gardien ne nous attendait plus et pensait que l’on aurait choisi le plan B. Mais non, nous sommes bien là et il est l’heure de déguster une bière locale (une Mont Blanc à la violette ! ) Le refuge est moderne (trop selon Jean Luc) et confortable. Malheureusement, la chaudière est tombée en panne durant l’hiver et en ce jour d’ouverture du refuge, la douche n’est pas fonctionnelle. Dommage, nous la méritions portant celle là ! L’accueil du gardien, le repas copieux (soupe, polenta, diots) et la gnôle offerte par le gardien nous feront oublier ce désagrément.

Bilan journée : Dist : 50 km, D+ : 3333 m, D- : 2518 m, Durée : 12 heures 10 arrêt compris

Mon avis : 5 étoiles sur le guide de mes randos. Un temps idéal, des paysages exceptionnels, un terrain de jeu varié et un petit frisson.

 Jour 3 : Vendredi 3 juin 2011 : Refuge de la Vogealle – gite du moulin à Montroc, une étape de transition !

Initialement, il était prévu que cette étape nous mène au sommet du Buet. La neige tombée le mardi ainsi que les conseils du gardien nous en ont dissuadés. Nous prévoyons donc de rallier Montroc via le col d’Anterne et le col de Salenton, 2 beaux morceaux cependant. Par ailleurs, le fait d’avoir dormi, enfin pour ceux qui ont réussi à le faire, au refuge de la Vogealle nous oblige à faire une longue descente vers Sixt-Fer-A-Cheval avant d’attaquer nos ascensions de la journée.

Comme la veille, nous décollons avec un peu de retard du refuge après avoir posé pour la traditionnelle photo de départ. Le temps est encore au beau malgré de gros cumulus accrochés sur les sommets avoisinants.

Nous commençons notre journée par une descente fort agréable le long du ruisseau de la Vogealle le long de falaise ou gambadent de jeunes bouquetins. Cette descente se poursuit jusqu’à la buvette du Boret (Alt 1380 m) face au pic de Tanneverge (Alt 2889 m) Le spectacle est magnifique car ce pic forme à sa base un cirque nommé « Cirque du bout du monde » dans lequel les nombreux ruisseaux qui en descendent terminent leur course en de spectaculaires cascades. Nous en comptabilisons une quinzaine ! Au chalet du Boret, nous optons par le chemin qui part à l’ouest et qui constitue le chemin classique pour monter au refuge. Ce chemin en sous bois est fort agréable à courir et nous permet de nous dérouiller les jambes. En quelques minutes, ce chemin nous mène au Bout du Monde (Alt 1222 m), c’est à dire tout du fond du cirque du même nom. La suite est moins agréable car nous devons rallier le Plan des Lacs (Alt 913 m) situé à plusieurs km par de larges chemins blancs légèrement descendant. Nous nous efforçons de courir sur cette partie car l’étape de transition est loin d’être terminée. Nous poursuivons ensuite notre course jusqu’à Sixt (Alt 757 m) en suivant un chemin le long du Giffre et en traversant plusieurs hameaux  constitués de vieilles fermes et greniers savoyards. Il est déjà 10 heures lorsque nous atteignons le centre du village mais avons déjà parcouru une quinzaine de km ! Nous marquons une longue pause pour nous ravitailler à la boulangerie du village. A 10h30, nous reprenons la route sur 2 km en direction du hameau de Salvagny. Nous poursuivons ensuite sur plusieurs km par un chemin carrossable en sous bois qui monte par pallier jusqu’au refuge des Fonts ( Altitude de 1378 m) Situé au pied du cirque des Fonts, sous le Buet, ce hameau constitué de vieilles maisons de bois offre un cadre bucolique pour déjeuner. Ils est midi, c’est donc à une table du refuge des Fonts que nous avalerons le sandwich acheté un peu plus tôt dans la matinée accompagné d’une bière achetée sur place (un coca pour moi !) C’est en-cas avalé, nous nous attaquons ensuite au reste du festin. Il est constitué d’une longue montée régulière en la, tout d’abord en sous bois puis à travers des alpages de près de 700 mètres de dénivelé. Jean Luc et Laurent caracolent en tête. Alain et moi tentons de suivre. Serge a par contre plus de peine et fait la montée à son rythme. En à peine une heure, nous atteignons le petit col d’Anterne (Alt 2038 m) Serge nous rejoint 5 minutes après. Bravo les gars, une belle montée au rythme de 700 m/heure. Du col, une magnifique vue s’offre à nous, au nord la vallée du Giffre, le cirque des Fonts et son hameau où nous avons fait la pause méridienne. Plus à l’est, le Buet, au sud-ouest les crêtes des rochers de Fizzs et plein sud des alpages vers lesquels nous traçons notre route en direction du lac et du col d’Anterne.

Quelques névés à traverser, une ou deux bosselettes à franchir et nous voilà bien vite en vue du lac d’Anterne. Ce lac niché à 2060 mètres ne présente pas d’intérêt particulier et nous ne lézardons pas sur ces rives d’autant que le chrono tourne. Nous continuons vers le sud pour atteindre quelques névés plus tard le col d’Anterne à 2257 m. Mine de rien, nous venons de nous avaler 1500 mètres de dénivelé depuis Sixt. De ce col, s’ouvre un large panorama sur la chaîne du Mont Blanc et au premier plan les Aiguilles Rouges et le Brévent. Le ciel s’est couvert et une petite fraicheur se fait sentir, nous ne tardons pas à plonger sur le refuge de Moëde Anterne situé quelques 250 mètres plus bas. Ici, nous devons prendre une décision. Pour rejoindre notre gite de ce soir, nous avons 2 possibilités, soit prendre le col de Salenton qui pointe à près de 2600 mètres puis plonger sur Vallorcine, soit passer par le col du Brévent n’affichant que 2368 mètres et piquer sur Chamonix. En buvant qui une bière, qui un coca sur la terrasse du refuge, nous décidons finalement d’opter pour le moins haut car il est déjà plus de 16 heures et que nous ne sommes pas rentré. Avant d’attaquer le col du Brévent, nous devons cependant redescendre au pont de l’Arlevé à 1600 mètres d’altitude par un chemin très agréable à courir. Laurent et Jean Luc s’en donnent à cœur joie. Ayant pris un peu de retard à l’allumage, j’ai beau mettre les gazs dans la descente, je n’arrive pas à les reprendre ! Tant pis, on se regroupe sur le pont avant d’attaquer notre dernière ascension de la journée mais pas la moindre puisque plus de 750 mètres de grimpette nous attendent. Je me demande si l’autre option par le col de Salenton n’aurait pas permis de faire moins de dénivelé. Trop tard, à ce point, il nous faut monter vers le Brévent. Le sentier monte régulièrement en lacet puis la pente s’accentue dans sa seconde partie pour finir dans un pierrier et inévitablement sur un dernier névé pour franchir le dernier raidillon. Serge peine dans cette dernière ascension et nous décidons d’effectuer cette montée par pallier afin de l’attendre. Il ne cesse de me faire remarquer que pour une journée de transition, cette étape offre de beaux pourcentages ! Certes, de beaux pourcentages mais aussi de beaux paysages comme celui que nous découvrons, enfin que nous redécouvrons pour tous au col du Brévent. (Alt 2368 m) Ici, un magnifique panorama sur la chaîne du Mont-Blanc s’offre à nous et à nos pieds, quelques 1300 mètres en dessous, la vallée de Chamonix que nous devons rejoindre au plus vite car il est près de 18 heures, déjà ! Nous dégringolons rapidement jusqu’à Planpraz à l’altitude 2000 mètres d’ou nous téléphonons à notre hôte de ce soir pour le prévenir de notre retard. Nous contemplons également de jeunes bouquetins insouciants qui viennent faire des cabrioles à quelques mètres de nous. Un plus téméraire que les autres vient même prendre la pause sur un bloc pour le photographe. Merci jeune bouc ! Nous continuons notre dégringolade à un bon rythme. Laurent a pris la tête et mène grand train dans cette longue descente qui se fait en lacet d’abord sur un chemin pierreux pas très agréable à courir puis à partir de l’altitude 1800 m, sur un tapis d’aiguilles d’épicéas bien plus agréable sous le pied. Il faut cependant rester vigilant car la chute n’est jamais loin, une pierre, une racine et vlan, voilà notre Laurent sur le flan, sans dommage pour cette fois !

Il est quasiment 19 heures lorsque nous atteignons la gare inférieure du télécabine du Brévent. Nous ne trainons pas pour traverser Chamonix et trouver un arrêt de bus. Bien joué, à peine une minute après notre arrivée à l’arrêt, un bus arrive. Il nous laissera à 50 mètres du gite du Moulins à Montroc situé à une dizaine kilomètres de là en quelques minutes. Le temps de se doucher et nous voilà devant une mousse. Ce soir, ce sera double tournée, on l’a bien méritée. Au fait, au menu de ce soir, Polenta et Diot, comme c’est original !

Bilan de la journée de transition : Dist : 50 km 15, D+ : 3156 m, D- : 3936 m, Durée : 11 heures 30 arrêt compris

Mon avis : encore une belle journée de montagne avec 2 beaux cols franchis et encore de magnifiques paysages. Le plus, le jeune bouc

Jour 4 : Samedi 4 juin 2011 :  gite du moulin à Montroc – Champex-Lac!

Dernier jour de notre randotrail, nous devons rallier La Fouly où Maurice nous attend, enfin surtout Laurent pour son anniversaire. Dès le saut du lit, Laurent nous rappelle qu’il ne faut pas que l’on arrive trop tard, 16 heures serait bien. On arrive cependant à lui faire accepter l’idée que 17 heures pourrait faire l’affaire. Enfin, on verra bien.

Depuis le gite que nous quittons comme chaque matin vers 7 heures, nous longeons la rivière en amont pour rejoindre le village du Tour, situé au fin fond de la vallée de Chamonix à l’altitude de 1470 mètres. Ce matin, le ciel est gris, une petite bruine commence même à tomber lorsque nous arrivons au Tour. On décide de sortir les vestes avant d’attaquer l’ascension du col de Balme. Enfin, c’est pour dire qu’on ne les a pas transporté jusque là pour rien car quelques minutes plus tard, cette bruine matinale cesse déjà et la veste devient superflue au moins pour Laurent qui « crève de chaud ». Les autres garderont cependant la veste car le petit matin est frais. L’ascension du col de Balme se fait à travers les alpages sous les remontées mécaniques de la station de ski du Tour. Rien de bien folichon, d’autant que nous avons la vallée de Chamonix dans le dos donc pas de paysage à contempler. Rien à signaler donc dans cette montée si ce n’est un troupeau de chèvres aux cornes torsadées. Nous atteignons le col de Balme (Alt 2191 m) aux environs de 9 heures et rentrons en terres hostiles en franchissant de nouveau la frontière Suisse. Ce col est toujours aussi triste et exposé à tous vents. Nous ne nous attardons pas et partons vers l’ouest en direction des chalets des Grands fléché à 1 heure 10. Le sentier qui mène aux Grands ne l’est pas et se fait en balcon en dominant le vallon de Trient. Il est caillouteux, pas large et parsemé de névés pentus qu’il nous faut traverser. Serge n’aime pas ça et préfère les contourner en se rajoutant du dénivelé et de la difficulté. Il nous est  impossible de courir sur ce sentier qui contourne la pointe du midi. Il nous faudra ainsi 1h30 pour atteindre les Grands contre 1h10 annoncé. Je me demande quand même quel randonneur de base fait ce trajet en 1h10 mais pour le fléchage et les temps de parcours, les suisses ne sont pas à la hauteur de leur réputation de précision. D’ailleurs, nous nous en rendrons définitivement compte plus tard. Les Grands sont composés de 2 vieilles bergeries reconverties en gite d’étape qui semblent pour le moins accueillantes.  En arrivant, Serge le remarque immédiatement, enfin il remarque surtout les cartons de « Fendant » (à prononcer avec l’accent) stockés sous la première des 2 bâtisses du refuge des ZZTops . En effet, devant le gite, se tiennent 2 hommes âgés pourvus de belles barbes blanches, scrutant attentivement et patiemment l’horizon. Je me demande s’ils passent leur journée ainsi mais nous comprendrons plus tard qu’ils attendent le ravitaillement qui leur sera plus tard héliporté. Construites à flanc de montagne à l’altitude de 2113 mètres, ces fermes se situent juste sous le glacier des Grands. De ce balcon, nous pouvons voir en face le glacier de Trient et tout en bas son vallon que nous devrons atteindre et traverser avant d’entreprendre la montée à la fenêtre d’Arpette. Encore un endroit magnifique ! De notre point de vue, nous pouvons aussi voir distinctement l’itinéraire que nous devrons parcourir dans les heures à venir et notamment nous constatons à travers de brèves trouées nuageuses que la fenêtre d’Arpette ne devrait pas être enneigée au moins sur ce versant. Voilà Serge partiellement rassuré. Il nous faut reprendre la route car justement, le fait de voir la suite de notre périple nous a montré que l’on n’était pas arrivé. Nous entamons alors une rapide descente qui doit nous mener aux Pétoudes d’en Bas (Alt : 1589 m) Le sentier est raide mais agréable et après avoir emprunté une portion de sentier construit artificiellement à flanc de falaise qui n’arrive pas à mettre les pétoches à Serge, nous arrivons rapidement à une intersection. A gauche, Trient, à droite les Pétoudes. Nous n’hésitons pas, on doit rejoindre les Pétoudes, franchir le ruisseau et commencer notre ascension vers la fenêtre. On descend donc quelques dizaines de mètres supplémentaires, franchissons le ruisseau et commençons une ascension droit dans le pentu mais du mauvais coté du vallon de Trient. Non, nous ne devons pas être sur le bon chemin. Je fais part de mes doutes à mes camarades, tentent de m’orienter, sort la carte et constate que nous sommes parti vers les Pétoudes d’en Haut. Demi-tour ! Nous redescendons ce que nous venions de gravir, franchissons de nouveau le ruisseau et remontons jusqu’à l’intersection. Un quart d’heure de perdu dans l’affaire ! Nous reprenons notre descente, escaladons un arbre qui barre le chemin et en quelques minutes atteignons finalement les Pétoudes d’en Bas non indiqué plus haut sur le sentier qui mène à Trient. Nous franchissons le ruisseau de Trient, le bon cette fois ci, et atteignons quelques mètres plus loin le chalet du Glacier, une buvette destinée aux promeneurs qui vont se balader au pied du glacier de Trient. Il est 11h30 et nous décidons que nous avalerons notre casse croûte plus tard car l’ascension jusqu’à la fenêtre promet d’être longue. Nous demandons cependant de l’eau à la buvette avant d’attaquer l’escalade mais la commerçante suisse nous la refuse fort gracieusement sous le fallacieux prétexte de non « potabilité ». « Causes ma suissesse, en fait tu veux nous vendre de la Henniez, avoues » Jean Luc, qui connait bien les us et coutumes de la gente féminine helvète arrivera à amadouer la donzelle et nous repartirons plus haut avec l’eau nécessaire et une bonne image de l’hospitalité suisse [ça me rappelle la courtoisie de la gardienne du refuge de Balme lorsqu’un jour que nous le franchissions avec Héléne par temps de grand vent et donc de froid, la gardienne nous a refusé le droit de nous mettre à l’abri le temps de nous ravitailler. Elle avait également demandé à un couple de canadiens qui devait y passer la nuit de rester dehors en attendant 17 heures. L’hospitalité doit être une spécialité locale !!].

Mis à la porte, nous repartons donc pour la fenêtre. Dés le départ, Jean Luc remet Serge, qui bien que surnommé « l’indien » ne sait pas suivre les flèches, sur ce que nous croyons être le bon chemin en lui indiquant celui de gauche. Effectivement, une grande flèche rouge peinte sur un caillou indique Arpette à gauche ce qui semble logique. Nous commençons donc à monter par un large chemin qui passe sous des mélèzes puis à travers de gros blocs de granit pour nous retrouver le long du torrent de Trient. Au fur et à mesure que nous avançons au fond du vallon en direction du glacier, j’ai le sentiment que nous avançons trop dans cette direction. Je cherche désespérément le sentier qui devrait partir vers la gauche pour nous faire escalader le flan de montagne où nous le voyions serpenter tout à l’heure depuis le Zztop’s point of vue. Bientôt, ce sentiment est confirmé, nous sommes au bout du vallon et de larges dalles de pierre nous empêchent d’escalader le flanc de montagne. Renseignements pris auprès d’une promeneuse qui est venu admirer le glacier, il faut se rendre à l’évidence, nous nous sommes encore fourvoyé et laissé abusé par le chemin tracé pour les promeneurs en quête de sensation glacée. Nous n’avons plus qu’à redescendre en direction de la buvette afin de retrouver le chemin vers Arpette. Je suis un peu désabusé voir énervé par cette nouvelle méprise ! Après ce moment de jardinage et une coupe sauvage droit dans la pente quelques encablures plus bas, nous finissons par retrouver ce chemin tant désiré. Dans l’affaire, nous aurons encore perdu plusieurs dizaines de minutes. Avec la méprise précédente, on estime notre perte à environ 1 heure, celle qui nous manquera en fin de journée pour tenir l’horaire de Laurent ! Désolé. Le sentier retrouvé, nous attaquons enfin notre ascension vers la fenêtre d’Arpette, point culminant de notre randonnée. La montée se fait en balcon d’abord en forêt au milieu de pins cembro puis dans des Alpages qui font face à la langue terminale du glacier de Trient.  Après avoir mené la troupe, je décide d’attendre Serge qui monte à son train à l’arrière lorsque le chemin devient plus scabreux. A mi-pente, Jean Luc qui a pris la tête, profite d’une petite averse (plus de la bruine formée par les nuages qui nous taquinent plus que de la véritable pluie) pour faire la pause casse-croute ! Planté au milieu du chemin, notre sandwich à la main, nous avons ainsi tout loisir de détailler les caractéristiques du glacier, ses moraines, ses séracs. Au loin, nous pouvons admirer le chemin parcouru puisque nous faisons maintenant face au Zztop’s refugio. Plus loin encore, au dessus du vallon de Trient, nous pouvons voir les Tseppes, qui nous rappellent à nos souvenirs d’UTMB.

L’averse passée, le sandwich avalé, nous reprenons notre ascension vertigineuse vers le sommet de la lucarne. La pente se redresse encore au dessus des anciens chalets de Véselay (Alt 2096 m) et nous finissons notre ascension au milieu de blocs et de pierres. Nous gagnons ainsi rapidement de l’altitude et à force d’en gagner finissons dans les nuages notre ascension pour enfin atteindre la fenêtre d’Arpette à l’altitude de 2671 mètres. La fenêtre d’Arpette, ainsi surnommée car passage étroit entre le Génépy et la pointe des Ecandies, se trouve à cet instant fort justement nommée car elle nous ouvre une magnifique vue dégagée sur le vallon d’Arpette. Dommage que les nuages nous bouchent la vue sur le vallon de Trient et surtout  sur le haut du glacier du même nom. Bonne nouvelle cependant, n’est-ce pas Serge, la descente encore plus vertigineuse que le coté escaladé n’est point enneigé. Le voilà totalement rassuré. La route est dégagée, nous pouvons commencer notre longue descente finale. La prudence est de mise cependant, la pente est raide, le chemin peu marqué. Nous traversons encore un névé blotti au milieu de blocs graniteux sur lequel il faut redoubler de prudence car la neige forme des ponts de neige entre les blocs. Ce dernier obstacle franchi, nous pouvons lâcher les chevaux sur un chemin roulant qui nous mènera jusqu’au hameau d’Arpette (Alt 1686 mètres) soit 1000 mètres de dénivelé dévalés en moins d’une heure. Une dernière halte pour se regrouper et constater qu’il est trop tard pour passer par le col d’Orny afin de rejoindre directement Praz de Fort. Une dernière pause pour saliver devant un magnifique chalet auprès duquel nous nous rafraîchissons à sa fontaine. Laurent salive tellement qu’il rêve d’un barbecue et surtout de bouteilles de rosé plongées dans la fontaine ! Allez un dernier galop et nous voici en vue du lac de Champex. Nous sommes rendus à l’altitude de 1465 mètres et il est 17 heures. Il est temps de s’attabler à la terrasse du bar-restaurant du CAF au bord du lac afin de savourer une bonne grosse mousse. Prévenu de notre arrivée, Hèlène et Brigitte viendront nous chercher pour nous ramener à la Fouly. Nous les en remercions Chez Maurice, il est alors temps de festoyer. A sa santé !

Bilan de la journée : Dist : 26 km 7, D+ : 2392 m, D- : 2242 m, Durée : 8 heures 43 arrêt compris. 1 mousse, du fendant et du rouge valaisan chez Maurice.

Mon avis : une étape courte mais racée avec un super col franchi, la fenêtre d’Arpette qui offre de magnifiques points de vue. Le plus, la précision et l’hospitalité suisse !

Bilan des 4 jours :

Distance parcourue :150 km

Dénivelé gravi : 11 181 mètres

Dénivelé dévalé : 10 396 mètres

Temps de randotrail : 40 heures23

Un bel UTMB ! Et juste dans les temps pour arriver sous les hourras de la foule du dimanche matin

J’oubliais : 7 ou 8 mousses, une pomme, une grappa et quelques verres de vins valaisans

 


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