Hommage : le récit de la CCC 2009 par Francky

Courmayeur – Champex – Chamonix, 98 km, 5500 m D+, départ vendredi 28 août 2009

Et bien moi, c’est avec Corinne, Laurent et Goran que j’ai effectué le voyage jusqu’à Chamonix. Là où nous retirons nos dossards et, après avoir fait un petit tour à travers les différents stands représentant les marques les plus connues (Salomon, Raid-light, etc…) nous prenons le chemin du gîte où nous sommes hébergés “Mont Roc”. Nous y retrouvons à l’heure du repas nos amis Serge (l’apache du groupe) et Alain (le moine tibétain du groupe). Après ces retrouvailles toujours plaisantes, il est temps d’aller se reposer en chambre et en profiter pour contrôler une dernière fois son sac à dos afin d’y apporter les dernières modifications. En effet, n’ayant pas porté attention à un changement du règlement, nous n’avions pas vu qu’il n’était plus possible de laisser un sac d’affaires de rechange à Champex !! On voit déjà là le béotien. L’apache avait raison “Quand homme blanc modifie son camelback : pas glop … il finira en vrac !”


Le gros avantage de la CCC par rapport au GRP, à l’UTMB et à la TDS ainsi qu’à la CCCCP, c’est que c’est moins long et donc qu’une seule nuit sera nécessaire (enfin je pense, j’suis encore bien capable de finir avec ceux de l’UTMB ; t’imagines Kilian Jornet me doublant “alors blaireau tu veux que je te porte ?”).
J’ai donc prévu de boucler le parcours en 20h (au final j’aurai couru plus de 20h sans pour autant avoir terminé). Pour estimer le temps nécessaire, je me suis basé sur le fait que le kilométrage était un peu inférieur à L’UTMB (98 au lieu de 164), que le dénivelé était inférieur, et que les chemins sont …………. j’sais pas comment, étant donné que je les connaissais pas. N’ayant jamais rien bouclé, je pensais même m’être laissé une marge : Résultat …. et bien c’est comme les récits, faut pas recopier ceux des autres !! NON faut pas !!

Je reprends donc mon récit héroïque. Après avoir réglé l’addition à “Mont Roc” qui avait un point commun avec la sustentation de la veille, à savoir salée à mon goût (7.50€ uniquement le petit déj) notre vaillante Corinne eu la gentillesse de nous conduire jusqu’au départ du bus qui nous emmènera au point de départ de la course, c’est à dire Courmayeur en Italie.
Arrivés sur place, quelques têtes nous sont familières et nous permettent ainsi de parler de la pluie et du beau temps, rendant l’attente moins pénible, en effet, le stress est palpable, croissant, les cinq minutes qui précédent le départ nous offrent un spectacle inoubliable.

C’est l’instant magique ! portés par une musique tonitruante, à l’instar de l’Armée de Sparte, nous nous mettons enfin en marche, désormais, rien ne semble pouvoir nous arrêter …, nous frappons à l’aide de nos lances nos boucliers, tandis qu’à l’unisson, plus de 5000 personnes nous encouragent en scandant “force et honneur”.Il est vrai que comme les autres cités grecques, Sparte accorde une prépondérance marquée aux fantassins lourds, l’hoplite, au détriment des archers et des autres troupes légères, ainsi que de la cavalerie, mais je m’égare ! mes amis…, je m’égare !.

La horde est lâchée, ma tête bouillonne, certainement un des effets secondaires générés par les médicaments délivrés par un vieux druide, qu’il m’a fallu prendre pour mes problèmes de dos. Mes craintes s’avéreront justifiées un peu plus tard, au petit matin…

Nous partons donc Laurent et moi, à l’assaut de Planpincieux puis du Refuge Bertone, ensuite, de La Tête de la Tronche (pour la petite histoire, je sens déjà que dans celle du Spartiate Laurent quelque chose ne va pas) mais nous continuons à descendre avant de remonter en direction du Refuge Bonatti. Il nous faut alors plonger sur Arnuva , là, nous décidons de nous ravitailler et refaire le plein en eau. C’est ici que mon compagnon d’armes me confie, tout en se massant les mollets “Par tous les Dieux de l’OLYMPE, mes jambes m’ont abandonné”, j’essaye donc de lui redonner du coeur en lui suggérant d’alléger son équipement hoplitique classique, constitué, comme vous le savez pour chaque Spartiate d’un bouclier rond, d’un casque, d’une cuirasse et de cnémides, j’allais oublié le manteau court de couleur pourpre. Nenni ma foi, c’était sans compter sur le fait que la discipline spartiate se nourrit de l’importance particulière accordée à la “belle mort”, c’est à dire la mort au combat !

Il ne tarda pas à tenir compte de mes remarques Ô combien judicieuses, et se dessaisit de ses cnémides (l’ancêtre des boosters). Force est de constater que cette démarche ne fut pas suffisante pour lui redonner du coeur à l’ouvrage, il me fallu donc atteindre son orgueil : “frère d’armes, ne te nomme t’on pas Xénophon ? L’officier combattant représentant une autorité !”

Piqué au vif, Laurent, hoplite spartiate, se redressa en s’appuyant sur son bouclier en prononçant ces quelques mots “la Garde meurt mais ne se rend pas” et d’une foulée guerrière nous repartîmes conquérir Le Grand Col Ferret.

Malheureusement cette magnifique épopée fut de courte durée ! les 800m de dénivelé sur 5 km sous un soleil brûlant eurent raison de lui …le souffle court, allongé sur le sol face contre terre (pas simple pour entendre ce que je pensais alors être ses derniers mots), il trouva cependant la force de s’adresser à moi en prononçant ces quelques mots qui vous font dresser les poils, si tant est que vous en ayez, “tire-toi, aujourd’hui je ne suis qu’une grosse merde !”

Il fallait se rendre à l’évidence : Xénophon n’était plus !! C’est donc la mort dans l’âme, que j’abandonnai Laurent, lui susurrant à l’oreille qui lui restait “ta mort, Spartiate ne sera pas vaine, tu finiras donc comme ton père Léonidas II !! En fumée” (pardon je sais c’est pas bien, mais zut j’ai le droit aussi de rigoler un peu…)

Ainsi, après avoir échangé une dernière poignée de mains, je partis à l’assaut de ce Grand Col Ferret, comme porté par les Dieux, certes, plus habitué à gravir le col de l’Utérus (contrée d’Argos), celui-ci ne me sembla pas indomptable, ne perdant toutefois pas de vue toute la difficulté restante, loin s’en faut.

Au fur et à mesure de ma progression en direction du sommet afin de toucher de la main le ciel, ma foulée devenait plus grande, plus sûre. Peu à peu, je doublai bientôt tout un corps d’infanterie légère mercenaire (on m’a rapporté plus tard que pas loin de 20 000 fantassins se trouvaient présents, ce jour là) et je finis par atteindre le sommet quelques 7200 foulées plus tard, c’est à dire deux heures après (inutile de calculer ça fait une foulée/seconde) !!

Est-ce d’avoir touché les Dieux du bout des doigts un instant, un instant seulement !! Le fait est que, dès lors, ma force fut décuplée. Je marchais sur La Peule, puis La Fouly. Que dis-je ? je marchais !! je volais littéralement ! quelques belligérants tentèrent cependant de mener à mon égard des actions de faible envergure, en évitant toutefois la confrontation directe qui aurait, à coup sûr, causé leur perte.

Le campement de La Fouly me procura les victuailles nécessaires à l’effort qu’il me faudrait encore fournir. Sous ces tentes de fortune, gisaient au sols, des centaines d’hoplites spartiates et de périèques, ainsi qu’une autre bonne centaine de cavaliers. Le temps s’écoulait, il fallait se hâter. Les sabliers disposés de-ci, de-là, en apportaient la preuve … Le temps, le temps, le temps et rien d’autre…

Ragaillardi, je courais désormais, m’apprêtant à envahir Champex-Lac en passant bien évidemment par une petite contrée rebelle appelée Praz de Fort. Me trouvant en pays connu pour ne pas dire conquis (modestie oblige) cette ascension se révéla être une formalité.
Certes, le Roi Cléomène disposa bien son armée en travers d’une passe étroite, flanquée de deux collines afin de me stopper. Je dois reconnaître que la supériorité de ces positions avait fini par me ralentir quelque peu.

C’est avec une joie non dissimulée que je poussai les portes de la garnison de Champex-Lac. Pas moins de trente minutes me furent nécessaires pour retrouver mes forces, et me sustenter. Alors que je me sentais prêt à repartir au combat, et plus précisément vaincre Bovine, je décidai néanmoins d’attendre un peu, pensant à juste titre que mon frère d’armes, j’ai nommé le guerrier Laurent n’avait pu se résoudre à abandonner.

Le Dieu Apollon avait-il su lire dans mes pensées ? Xénophon, l’officier combattant qui représente une autorité poussa enfin les portes et manifesta sa joie en me retrouvant. Du temps s’était encore écoulé avant que nous nous décidâmes à reprendre la route. Le binôme était enfin recomposé, rien ne pouvait plus nous arrêter désormais, où presque …

En effet, l’ascension de Bovine, puis la descente sur Trient sans parler de la remontée sur Catogne furent extrêmement éprouvantes. Antigone, fort d’une armée avoisinant 30 000 hommes nous faisait front ! La tactique militaire employée était simple mais efficace, ainsi, il plaça tout le long la fameuse phalange macédonienne, en ordre serré sur 32 rangs. Et comme si cela ne suffisait pas, il avait disposé à Vallorcine un écran d’infanterie mercenaire légère. Ce fut le coup de grâce pour moi.

Je décidai d’en finir au petit matin, à 6h08 précisément, et laissai Xénophon repartir seul s’emparer successivement des positions ennemies à savoir : le Col des Montets, puis la Tête aux Vents, poursuivre sur La Flégère pour enfin arriver de façon triomphante à Chamonix.
Voilà dans les grandes lignes le déroulement de cette course la C. C. C. !!

De façon plus sérieuse, je dirai que cette expérience malgré l’issue reste une expérience positive sur tous les points pour moi, mais franchement je ne pensais pas que ce type de course soit aussi exigeant en tout. Ce qui me permet tout naturellement de saluer vos performances à tous, et vous remercier pour toute l’aide que vous m’avez apportée.

À très bientôt pour de nouvelles aventures. FRANCKY

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