Trans Aq

La Trans Aq est un trail par étapes, le long du littoral Aquitain, par la forêt, les dunes et la plage. La version 2009 fait 217km à parcourir en six jours avec des étapes allant de 23,7km à 57,3km. Les concurrents sont en autonomie alimentaire, médicale et vestimentaire. L’organisation fournit uniquement les tentes et le réchaud à chaque arrivée d’étape, ainsi que l’eau nécessaire tout au long du raid. C’est la version française du Marathon des Sables.
A cette occasion, Run & Sens a constitué une équipe de 3 coureurs : Alain Conscience, Didier Pommey et Jean-Luc Gillet.
Un quatrième Bisontin nous accompagne, il s’agit de Jessy Lestrat.
Le voyage entre Besançon et Hourtin s’effectue en voiture samedi 30 mai. 8 heures de routes plus tard, nous arrivons vers 16h au bivouac de Piqueyrot, en ayant pris le temps auparavant d’aller dire bonjour à l’océan, majestueux, et boire une dernière bière.
Nous prenons possession des lieux et nous nous installons dans la tente qui nous est réservée. Nous allons loger pendant toute la semaine dans des tentes de 3 personnes. Des groupes de 3 tentes sont formées pour constituer des fleurs. Ainsi, 9 coureurs partageront le même réchaud positionné au centre de chaque fleur.
Piqueyrot est un minuscule hameau situé au nord-ouest du lac d’Hourtin, très sauvage et très beau.
Après un repas préparé par l’organisation, nous passons la première nuit sous la tente avec un confort très spartiate. Pour limiter le poids à porter, nous avons fait le choix de ne pas emmener de matelas. Je ne vais pas être le seul à regretter cette option car même si on dort sur le sable, celui-ci une fois tassé, est aussi dur que du béton.

Le lendemain, dimanche, nous faisons connaissance avec nos compagnons de bivouac : Jérome, Christophe, Samuel, Sébastien et Olivier.
Le temps disponible est dédié aux derniers préparatifs, réglage des sacs, vérification du contenu.
Le contrôle des sacs s’effectue à 13h. Le poids du sac à dos doit être compris entre 3,5kg et 7kg maxi. Tout est un savant dosage entre nourriture et confort. Un sac de rechange qui nous sera distribué le 3ème jour ne doit pas dépasser 3kg et permet d’y loger la nourriture pour les 3 derniers jours de course.
Mon sac principal pèse 5,5kg (sans l’eau) et le sac de rechange 3kg pile poil.
Certains sac de coureurs font 3,5kg (ils auront froid et faim), d’autres 7kg (ils auront du mal à courir).
Après le premier briefing dispensé par l’organisateur Gérard Caupène et la copieuse pasta party, nous rejoignons notre tente pour la 2ème nuit. Demain, 1ere étape.
J’ai décidé d’emmener avec moi mon téléphone qui me permettra, si je trouve du réseau, d’envoyer chaque soir des emails qui seront publiés automatiquement sur mon blog (http://jlg61.blogspot.com). Il me permettra également de communiquer avec ma petite femme Lise tous les soirs. Ca m’aidera beaucoup.
Quinze jours avant, je me suis fait une entorse à la cheville qui a failli compromettre ma participation. Je porte ainsi un strapping et je vais faire le maximum pour parvenir à l’arrivée. Mon seul objectif après cette blessure est de terminer cette course. Devenir finisher. Mes espoirs de terminer dans les 30 premiers se sont envolés il y a 15 jours en même temps que la torsion de ma cheville.
Nous disposons d’un road-book qui nous indique le chemin à suivre ainsi que les différents points de contrôle et les balises pour pointer. Ces points sont obligatoires et entrainent des pénalités si ils ne sont pas respectés. Sur ce road-book est indiqué la nature du sol, qui varie du sol sans sable (S0) au sable profond (S6). Le pire étant du S6 en montée sous le soleil…
Le règlement autorise de couper le parcours tout en respectant les points de contrôles. Et ce sera un point important durant toute la course car des concurrents sont de très bons orienteurs et comptent bien rattraper leur retard par rapport aux coureurs plus rapides. D’ailleurs, Christophe a annoncé la couleur : il coupera le maximum afin de gagner du temps et de la distance. Il trouve ça amusant. Pour ma part, compte tenu de la fragilité de ma cheville, je ne compte pas couper car le risque est trop fort de me blesser sur les nombreuse branches après la tempête du début d’année.

Au niveau alimentation :
J’ai basé toute l’alimentation sur des lyophilisés de la marque MX3.
le menu type de la journée était composé comme suit :
petit-dej : lyo muesli chocolat (470 kcal)
pendant la course : 3 barres, 2 gels, noix cajou (1000kcal)
après course : lyo pâtes (430 kcal)
soir : lyo plat + crème dessert (850 kcal)
Soit environ 2700 kcal par jour. (le minimum imposé était 2000 kcal)
Au final, je n’ai jamais eu faim, j’ai tout mangé ce que j’ai porté, tout était bon et varié.

  • Etape 1 : Piqueyrot/La Gracieuse, 28km, 322m de dénivelé

Réveillé à 6h, premier petit dej à base de lyophilisé (muesli chocolat).
Les conseils de Gérard ont été clairs : aborder la 1ère étape prudemment. Il ne faut pas se griller le premier jour et absolument éviter un abandon stupide et des blessures. C’est une mise en jambe qui permettra de trouver son rythme et juger de sa forme. Je compte bien suivre ses conseils et part sur un rythme modéré.
Nous découvrons tout de suite ce qui va nous attendre durant les 6 jours : pistes, dunes, sable, plage (6,6km pour cette étape). Un seul ravitaillement en eau nous permettra de faire le plein des gourdes. Grosse chaleur jusqu’à l’arrivée que je franchit en 3h01 à la 34ème position. Cette place me convient très bien. Je suis content.

6 concurrents nous quittent déjà lors de cette étape (blessé, égaré). Didier termine en trombe, Alain plus calmement car il a souffert toute l’étape des adducteurs. Jessy l’aura accompagné durant toute l’étape. Ils finissent ensemble sous nos applaudissements.
Un plat de récup lyo (pates carbonara). Très bon.
Le soir Caroline (la femme de Gérard) nous a offert un mini concert de chant lyrique en plein air. Et hop, 21h30 au lit.

  • Etape 2 : La Gracieuse/Le Lion, 41,5km, 480m de dénivelé

Cette étape est capitale car elle est très engagée (terrain difficile avec beaucoup de sable S5), chaud et long. Tout le monde s’accorde à dire que c’est l’étape importante. Je l’accomplie avec le même rythme que la veille. J’essaie de ne jamais me mettre dans le rouge, me force à boire et à m’alimenter le plus souvent possible. Le final est difficile. Je boucle l’étape en 5h16 à la 37ème position. Je reste régulier au niveau du classement. Alain va mieux, il a moins mal aux adducteurs et termine en 6h15. Arrivé au bivouac sous les pins, pas de douche, juste une pompe à bras refoulant une eau saumâtre, suffisante pour une toilette sommaire. Mon strapping m’a entaillé le talon et provoqué une belle ampoule. Il ne faut pas tarder à la soigner car ici, ce genre de blessure ne fait que d’empirer.

  • Etape 3 : Le Lion/Le Cap Ferret, 57,3km, 376m de dénivelé

Nous voici prêt pour l’étape la plus longue. Beaucoup de sable mou, de dunes et montées en plein soleil, grosse chaleur. J’entame la course prudemment, comme à mon habitude et je ne cesse de voir Didier à quelques dizaines de mètres de moi. Je me dis alors que je vais trop vite car d’habitude Didier est plus rapide que moi. En fait, je le rattrape en plein cagnard dans du S5. Il marche et n’en peu plus. Je décide de l’accompagner et d’essayer de l’aider à retrouver la forme. En fait, nous terminerons l’étape ensemble. Ce sera la seule fois d’ailleurs que j’aurai les capacités de le suivre. Nous terminons en 8h08 à la 37ème place. Cette place me convient car elle correspond à mon niveau, mais Didier lui, va perdre une dizaine de places au général.
L’arrivée a été marquée par 7 km de plage très difficile à courir car le sable était mou avec beaucoup de relief. l’arrivée au Cap Ferret est magique, face au bassin d’Arcachon et à la dune du Pyla qui nous tend les bras pour l’étape de nuit prochaine.
17 abandons lors de cette étape. Mon ampoule s’est encore aggravée. J’ai de la peine à plier le pied.
Cette étape est frappée par l’abandon de Jérôme. Il a été contraint d’abandonner car ses ampoules devenues trop importantes le faisait trop souffrir. Il devra se contenter de suivre la course à distance, avec les bénévoles, et ne manquera pas de nous encourager tout au long des étapes.

  • Etape 4 : Le Mouleau/La Salie, 39,2km, 686m de dénivelé

La journée de jeudi est consacrée au repos et aux soins en attendant l’étape de nuit. A 16h30 nous prenons la direction des bateaux qui vont nous faire traverser la baie d’Arcachon. Les bateaux sont des hors bords sur-puissant que l’on emprunte sur un port privé du cap Ferret attenante à une propriété privée de rêve. Ici, ce n’est pas la misère. Le podologue refait mon strapping et soigne mes ampoules, puis le départ est donné à 20h30 sur la plage du Mouleau.
Ce qui nous attend : 12 km de chemin dans les bois, la dune du Pyla, encore des bois et un final par 2 km de plage. J’entame l’étape calmement sans mes copains, comme à mon habitude. Très vite je sens la présence derrière moi d’un coureur. Je dicerne qu’il a un maillot rouge. Il suit mon rythme, marche quand je marche, coure quand je coure. Nous traversons la forêt en évitant soigneusement la multitude de tronc de pin couchés à traver le chemin par la tempête. Et soudainement, le maillot rouge se porte à mes côtés et je reconnais Alain. Il avait tout simplement décidé de m’accompagner sans vouloir me gêner. C’est avec grand plaisir que je le retrouve et nous allons finir l’étape ensemble.
La montée de la dune du Pyla se fait à 4 pattes tels des bêtes : 1 m d’effort pour 10 cm d’ascension, le mur de sable est terrible et semble infranchissable. Arrivés au sommet, nous profitons du coucher de soleil sur l’Atlantique, la forêt, immense. Nous replongeons dans les ténèbres de la forêt pour n’en sortir que sur la plage nous menant à l’arrivée.
Alain aura fait son meilleur chrono alors qu’il voit difficilement la nuit. Chapeau. Nous terminons en 44ème position en 5h47 juste avant la pluie. Je ne prend pas le temps de manger, juste me débarbouiller à un robinet.
Nous nous couchons rapidement car dans quelques heures, il faudra prendre une navette en bus d’1h pour contourner le camp militaire de Biscarosse et prendre le départ de la prochaine étape à 11h.

  • Etape 5 : Mimizan-Plage/St Julien en Born, 23,7km, 292m de dénivelé

C’est une étape courte mais avec le peu de sommeil de la nuit, elle s’annonce difficile. La pluie de la nuit a permis de durcir le sable et le rendre plus praticable.
Je termine 30ème en 2h44 (mon meilleur classement).
A l’arrivée, l’organisation nous offre un fruit et une boisson. Je savoure.

  • Etape 6 : St Julien en Born/St Girons, 27,1km, 174m de dénivelé

La dernière étape. Une formalité ? non. Une pluie diluvienne nous glace juste avant le départ et va nous accompagner pendant 2h. Le temps s’améliore peu à peu et sous un soleil radieux que nous arrivons sur la plage qui va nous mener à l’arrivée.
Je trouve les dernières forces pour courir rapidement dans le sable mou de l’arrivée et franchir l’arche bleue tant convoitée. Je finis 39ème en 3h53. Un buffet généreux nous attend et tout le monde en profite. Cela fait une semaine que nous sommes privés de fruit, fromage, pain, coca et ça fait plaisir de renouer avec les bonnes choses. Tous les concurrents se congratulent. La course est finie. Un coureur se blesse 2 km avant l’arrivée. Fracture du tibia-perronné. Il sera quand même classé et déclaré finisher. Merci Gérard pour ce bon geste sportif.
La première douche depuis 7 jours fait du bien. Nous décidons de louer un mobilhome afin de ne pas devoir repasser une nuit sous la tente sur le dur. Quelle bonne idée, un vrai lit, une vraie nuit avant de reprendre la voiture pour 8 heures de route car je travaille le lendemain lundi.

Didier termine 19ème, très fort et régulier malgré son coup de moins bien durant l’étape longue.
Olivier, très régulier a souffert lors de la 5ème étape mais termine 28ème au général.
Mon classement final me place à la 35ème place. Je suis ravi, car avec mon entorse, je n’aurais pas cru cela il y a encore quelques jours.
Jessy, fort d’une progression fulgurante, termine à la 59ème place. Impressionnant de facilité dans la dernière étape.
Christophe, le coupeur fou de 94kg aura eu des coupes heureuses et d’autres malheureuses. Son classement va osciller entre la 24ème et la 104ème place selon les étapes. Il termine 60ème.
Samuel termine en 68ème position au général.
Alain termine 73ème, fatigué mais content.
Sébastien se classe 80ème (il termine 15ème de l’étape de nuit!)

118 classés sur 153 partants. Le record des abandons a été battu cette année.

Je tiens à remercier l’organisation sans faille et les bénévoles toujours disponibles, mes copains, mes enfants et Lise qui m’ont soutenus.