Tour des Glaciers de la Vanoise 2007

3h10 mon téléphone sonne. C’est Lise depuis son travail qui m’appelle pour me réveiller. Tiens byzarre, j’avais réglé mon téléphone pour me réveiller à 3h et il n’a pas sonné. Heureusement que ma petite femme a pensé à moi. Je réveille Alain et nous prenons la direction de la salle polyvalente pour prendre notre petit-dej. Nous rejoignons JP sur la ligne de départ.
A 4h30, pointage obligatoire. Il fait nuit et frais mais le ciel est étoilé. J’enlève le maillot à manche longue car je me dis qu’étant donné que l’on commence la course par une montée de 1000m de dev+, je ne vais pas avoir froid.

 

5h mon téléphone sonne. C’est mon réveil. Je ne devais pas être bien net hier soir : j’ai réglé le réveil à 5h au lieu de 3H. Merci encore ma Lisou, sans toi Alain et moi auroins loupé le départ ! Le départ est donné, il fait entre chien et loup. On pourrait dire entre bouquetin et chamois. Après 50m de plat on commence à monter assez nettement.
Ca monte raide, tout le monde marche en rang serré. Mes batons me sont utiles. Ils me propulsent et soulagent les jambes. Au fur et à mesure de la montée le jour se fait de plus en plus présent, nous laissant découvrir des paysages somptueux. Passage d’un lac (le seul moment de répis de cette montée) en le traversant sur de grandes dalles de granit posées à travers de l’eau. Magique ! Partout autour de nous, que nature sauvage, comme disait l’autre poète : que la montagne est belle. Arrivée au col de la Vanoise en 1h20. Les premiers ont dut mettre 1h, les plus lent mettront 2h30. Peu de temps après le départ, j’ai distancé Alain et JP qui ont dut rester ensemble. Je ne les reverrai pas avant l’arrivée. A partir de là, cette course prend tout sons sens : c’est un itiniéraire à 95% au sein du parc national de la Vanoise qui ne permet aucun balisage. Il convient donc de suivre les seules marquages du GR et les panneaux indiquant les refuges qui nous servent de ravitaillement.
Direction refuge de l’Arpont. Un parcours hyper sauvage. On traverse des névés, des torrents en suivant le sentier parfois invisible, simplement jalloné de cairns.

 

Arrivée au refuge de l’Arpont (km 21), remplissage du camel, 2 verres de cocas, une pincée de raisins sec, quelques échanges avec les bénévoles fort sympatiques et c’est reparti vers le refuge de Plan Sec. Tiens mes premiers bouquetins que je suis le seul à repérer. J’en fait part à mes collègues de course. C’est vrai qu’il est difficile voir dangereux de lever trop les yeux du chemin compte tenu des divers rochers, plaques et autres cailloux qui le jallonnent. Le sentier en balcon est technique et se raidit d’un coup. Les grimpettes font mal. Les decentes cassantes ne permettent pas de récupérer. Arrivée au refuge de Plan Sec (km 32) à 11H, pile poil 6H de course pour la moitié du parcours. Je suis comme le plan, un peu sec et je me remotive : 6h à mi-parcours, ça veut dire 12h au final, c’est exactement ce que j’avais prévu dans mes meilleurs pronostics. Je sais qu’il sera difficilede conserver le même rythme jusqu’à la fin mais je compte sur ma résistance et sur la fin du parcours plus roulant pour y parvenir. Ici, l’ambiance est plombée par une rangée de mecs emmitouflés dans des couvertures. A priori, ceux là ont surestimé leur force. Je compatis, mais je préfère plaisanter avec quelques survivants. 2 verres de coca, 2 pincées de raisins sec, 3 abricots, un remplissage de camel et c’est reparti.
On surplombe un magnifique lac, puis on le contourne avant de remonter sèchement. On peut courrir plus souvent que sur la première partie de la course. Même si le rythme n’est pas effrenné, ça avance quand même. Je dépasse quelques coureurs en leur adressant à chaque fois un petit mot. Je regrette d’avoir laissé Alain et JP derrière moi car j’aime bien échanger des émotions lors de ce genre de course. Aussi, je n’hésite pas à discuter avec tout ceux que je dépasse ou qui me dépassent. Même avec cette jolie italienne ne parlant pas un mot de Français, qui me rejoins et qui ne me quitte pas pendant 5 ou 6km. Elle est folle de mon corps ? Non, on a juste le même rythme et le fait de courir ensemble est plutôt motivant.

 

J’ arrive au refuge de l’Orgère (km 51) 1935m d’altitude. Toujours la même cérémonie : 2 verres de coca, 2 pincées de raisin sec et… tiens je vais prendre un petit peu de saucisson. Remplissage du camel et départ pour une montée annoncée comme la plus difficile : plus de 1000M de dev+ jusqu’au col de Chavière. Une montée qui commence trés raide en lacets et qui se poursuit sans faiblir jusqu’à 2800m d’altitude. Plus moyen de courir. La seule marche à cette altitude et cette pente est exténuante. Les batons me sont utiles et je plains ceux qui n’ont en pas pris. Oh les beaux bouquetins ! Les défaillances sont sévères. Un traileur montbéliardais est à l’agonie, à la limite de l’hypoglicémie. Je lui propose de l’aider, mais préfère se reposer quelques instants avant de repartir. Je lui souhaite bon courage, il arrivera 40mn après moi. Je commence à avoir de sérieuses crampes aux cuisses qui m’obligent à m’arréter, faire quelques étirrements avant de repartir. Le col de Chavière est en vue mais encore loin. Il est recouvert de neige et sécurisé par des CRS de haute montagne. 500M d’ascension dans la neige et enfin le sommet du col avant de replonger de l’autre côté, toujours dans la neige, tout en glissade, que du bonheur. A partir de maintenant, il n’y aura plus de grosse difficultée. La descente me fracasse les jambes et les crampes se font de plus en plus violentes.

 

Le refuge de Péclet Polset (km 60) et ses charmantes hotesses nous proposent un dernier ravitaillement : 2 verres de cocas, 2 carreaux de chocolat, remplissage du camel et je repars. A partir de maintenant, c’est 12km de descente jusqu’à Pralognan. Mais pour moi, descente est synonyme de calvaire car c’est dans les descentes que mes crampes ré-apparaissement. Je ne parviens plus à courir normalement. Je me traine à 8km/h et me fais dépasser par une dizaine de coureurs. Les derniers kil sont durs, trés durs. Je n’en vois pas la fin. Il me tarde d’arriver. A 6km de l’arrivée je retrouve Corinne (épouse de JP)et Hubert qui m’encouragent. Ca fait chaud au coeur.

 

Arrivé à Pralognan, je parviens à accélerer dans la dernière ligne droite du village pour enfin traverser la ligne d’arrivée en 12h12mn pour 72km de course, à la 113ème place. Heu-reux !J’attends Alain et JP qui arriveront en 12H53mn : un super résultat.

 

Une photo avec Dawa Sherpa (2ème de la course) pour immortaliser l’instant.
500 participants.
120 abandons.
72 km en 12h12mn
5h de route sous la pluie et hop, au lit.
JL